Des moments inoubliables
Lors d’une distribution l’an dernier, nous avons rencontré une mère venue chercher un colis alimentaire. En discutant, nous avons appris que ses 5 enfants étaient handicapés. Cette mère, épuisée, portait seule le poids du monde sur ses épaules. Ses yeux brillaient d’un mélange de gratitude et de tristesse, comme pour nous dire silencieusement : “Merci de ne pas nous oublier”.
Dans la plupart des régions visitées, nous avons constaté que de nombreux travailleurs yéménites n’avaient pas reçu leur salaire depuis des années, mais continuaient à travailler. Qu’ils soient enseignants, médecins ou autres, ils persévéraient non pas parce qu’ils étaient payés, mais parce qu’ils savaient que c’était essentiel pour maintenir la vie dans notre pays en crise. Ils ne laissaient pas la vie s’éteindre.
Ces rencontres m’ont profondément motivé et ému à poursuivre cette mission sublime. Mais j’ai aussi ressenti que si je renonçais, je tournerais le dos à mon propre peuple — surtout à ceux qui ont le plus besoin de moi. Je me suis mis à leur place, et j’ai su que je devais continuer ce travail humanitaire.
Allier urgence et engagement
Préparer les colis alimentaires pour le Ramadan et les remettre aux bénéficiaires représente un véritable défi. Nous travaillons dans des délais très serrés, souvent sous une chaleur accablante, en extérieur, tout en assurant la gestion des foules sur les sites de distribution.
Colis alimentaires contenant de l’huile et du riz prêts à être distribués au Yémen.
Mener des distributions dans huit provinces soulève également des défis logistiques importants : chaque lieu a ses spécificités. La coordination avec les autorités locales et l’obtention des autorisations nécessaires exigent beaucoup de temps et d’efforts, mais restent essentielles à la réussite du projet.
C’est une charge considérable pour notre petite équipe, mais savoir que les familles repartent avec le sourire aux lèvres donne tout son sens à notre travail.
Un engagement indéfectible malgré les défis
Avec la suspension des distributions du Programme Alimentaire Mondial (PAM) à un moment aussi critique, et un énorme manque de financements, les organisations humanitaires au Yémen portent la lourde charge de fournir une aide alimentaire vitale. Islamic Relief reste déterminée à soutenir les communautés, en cherchant des alternatives pour combler le vide laissé par la réduction des opérations du PAM. Nous explorons toutes les pistes pour obtenir des financements et faisons tout notre possible pour aider le maximum de personnes pendant le Ramadan, ce mois de miséricorde.
Nous savons que les besoins dépassent nos capacités, mais chaque effort compte. Abandonner n’est pas une option — des familles nous attendent, des enfants espèrent notre soutien. C’est pourquoi, malgré les obstacles, nous persévérons, en optimisant les ressources limitées à notre disposition pour que les communautés que nous aidons reçoivent le soutien dont elles ont besoin en ce mois sacré.
Dans les moments difficiles, le lien humain que nous tissons avec les bénéficiaires donne tout son sens à notre travail. Au Yémen, malgré les épreuves, les gens prennent toujours le temps pour la gratitude et la bienveillance. Certains insistent pour que nous partagions l’iftar avec eux, même lorsqu’ils ont peu. D’autres viennent chercher leurs colis en nous offrant un repas modeste — non pas parce qu’ils le peuvent, mais parce qu’ils veulent partager ce qu’ils ont.