Monday May 5, 2025

Le 15 mai est la Journée de la Nakba, une journée annuelle de commémoration qui prend cette année une importance particulière, au cœur des bombardements, déplacements et du blocus toujours en cours à Gaza. Nous revenons ici sur l’origine et la portée de cette journée.

Qu’est-ce que la Journée de la Nakba ?

La Journée de la Nakba est célébrée chaque année le 15 mai. Elle marque le début de la destruction de la patrie palestinienne et le déplacement massif, en 1948, de la majorité des Palestiniens.

Le mot “Nakba” signifie “catastrophe” en arabe. C’est le terme employé par les Palestiniens et d’autres pour désigner ce moment historique. Pour certains, il désigne aussi la persécution continue des Palestiniens et la perte de leur territoire qui s’en est suivie.

En 1998, la Journée de la Nakba a été officiellement instaurée par le dirigeant palestinien Yasser Arafat, même si la date était déjà marquée par des manifestations de mémoire et de résistance depuis 1949.

Que s’est-il passé en mai 1948 ?

En mai 1948, plus de 700 000 Palestiniens ont été contraints de fuir leurs foyers.

Durant la guerre de Palestine de 1948, qui a duré jusqu’en janvier 1949, les forces israéliennes ont détruit plus de 530 villages palestiniens et ont perpétré plusieurs massacres, tuant environ 15 000 personnes.

78 % du territoire historique de la Palestine ont été conquis et utilisés pour fonder ce qui est aujourd’hui l’État d’Israël. Le reste du territoire fut divisé en ce que l’on appelle aujourd’hui les territoires palestiniens occupés : la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et la bande de Gaza.

Après la victoire israélienne, les maisons abandonnées ont été attribuées à des colons juifs. Les descendants de nombreux Palestiniens déplacés en 1948 sont toujours réfugiés, en Palestine même ou à travers le monde. Ils sont aujourd’hui environ 6 millions.

Quelles furent les causes ?

De 1920 à mai 1948, la Grande-Bretagne administra un territoire nommé Palestine mandataire, sous mandat de la Société des Nations, ancêtre de l’ONU.

Après la Seconde Guerre mondiale et l’Holocauste, les Britanniques annoncèrent leur volonté de mettre fin au mandat. L’ONU fut chargée de redessiner les frontières afin de permettre la création d’un État juif.

Aucun des projets de partage proposés ne reçut l’appui des Palestiniens ni de la Ligue arabe. Pourtant, à la fin du mandat, la création de l’État d’Israël fut proclamée, déclenchant la guerre de Palestine de 1948 (également appelée guerre arabo-israélienne de 1948).

Que s’est-il passé après la Nakba ?

Depuis 77 ans, l’État d’Israël a poursuivi son avancée sur les territoires palestiniens, déplaçant des familles et violant le droit international.

Parmi les événements majeurs, la guerre des Six Jours en 1967, durant laquelle Israël a occupé l’ensemble de la Palestine historique, y compris Gaza et la Cisjordanie, expulsant 300 000 personnes.

Depuis, la région connaît une tension constante et des affrontements fréquents. Mais l’ampleur de l’escalade actuelle est sans précédent : à Gaza, plus de 52 700 personnes ont été tuées, et beaucoup d’autres déplacées, souvent à plusieurs reprises. Parmi elles, des personnes venues à Gaza après la Nakba, ainsi que leurs descendants.

Appel d’urgence pour la Palestine

À quoi ressemblait la Palestine avant la Nakba ?

Juste avant la Nakba, la Palestine était sous administration britannique. Le mandat s’inscrivait dans une période d’expansion coloniale européenne et faisait suite à l’expulsion des Ottomans lors de la révolte arabe (1916-1918).

Pendant cette période, la Palestine est devenue une unité politique cohérente avec Jérusalem comme capitale. Ce fut une époque d’avancées administratives, infrastructurelles et technologiques, mais aussi une période ayant préparé la création d’Israël, en favorisant l’immigration juive et en privant les Palestiniens de leur autonomie.

Avant le mandat, la Palestine avait fait partie de l’Empire ottoman pendant 400 ans.

Quelles sont les conséquences à long terme de la Nakba ?

La Nakba a engendré la plus longue crise de réfugiés non résolue au monde, avec plus de 6 millions de réfugiés palestiniens à travers la planète. Beaucoup vivent dans les pays voisins, comme la Jordanie, le Liban ou la Syrie, où certains ont connu guerres et nouveaux déplacements.

La perte immense de territoire commencée avec la Nakba affecte encore la vie quotidienne des Palestiniens. De nombreuses ressources précieuses se trouvent sur des terres désormais revendiquées par Israël, ce qui empêche les Palestiniens d’y accéder et de développer leur économie.

L’occupation israélienne, déclarée illégale au regard du droit international, affecte tous les aspects de la vie palestinienne. Elle nie leurs droits humains fondamentaux, porte atteinte à leur dignité et accroît la pauvreté. Elle restreint leurs déplacements, le commerce, l’accès à l’eau, aux services, aux terres agricoles, aux marchés et aux lieux religieux. Elle sépare les Palestiniens de Gaza, Jérusalem-Est et Cisjordanie, divisant amis et familles.

Gaza est sous blocus israélien depuis 2007. Ce blocus limite la circulation des biens et des personnes, détruit l’économie et compromet l’avenir des habitants tout en entravant l’aide humanitaire. Des milliers d’articles essentiels sont interdits d’entrée car Israël les considère comme à “double usage”, pouvant servir à la fois à des fins civiles et militaires. En pratique, cela inclut presque tout : carburant, filtres à eau, pompes solaires, ciseaux chirurgicaux…

Depuis octobre 2023, Israël a encore durci ce blocus, empêchant l’entrée de nombreux biens vitaux. Le 2 mars 2025, tous les points de passage vers Gaza ont été totalement fermés, stoppant l’arrivée de nourriture, médicaments, carburant et autres aides indispensables.

Comment la Journée de la Nakba est-elle commémorée ?

Pour beaucoup, la Journée de la Nakba est une occasion de rappeler la persécution historique des Palestiniens et de souligner que celle-ci continue, surtout aujourd’hui, en pleine escalade dramatique.

C’est aussi un moment pour célébrer la richesse culturelle et historique de la Palestine, au-delà d’un récit uniquement marqué par la souffrance. Les Palestiniens ne sont pas seulement résilients, ils sont écrivains et danseurs talentueux, brodeurs doués et hôtes généreux.

En 2023, pour la première fois, l’ONU a officiellement marqué la Journée de la Nakba, organisant un événement pour rappeler “l’injustice historique subie par le peuple palestinien” et attirer l’attention sur la crise des réfugiés actuelle. Au programme : discours, musique, photos et témoignages personnels.

Plus de 30 pays ont voté contre cette résolution, reflétant l’incapacité de nombreux États à reconnaître la souffrance palestinienne tout en soutenant Israël. Israël s’oppose souvent aux commémorations, officielles ou non, les qualifiant d’obstacle à la paix dans la région.

Pourquoi Islamic Relief parle-t-elle de la Journée de la Nakba ?

Islamic Relief travaille dans les territoires palestiniens occupés depuis 1997, apportant soutien d’urgence et programmes de développement aux Palestiniens dans le besoin. Pendant la crise actuelle, nous avons distribué plus de 70 millions de repas chauds, fourni de l’eau, des kits d’hygiène et un soutien psychosocial aux enfants.

Depuis octobre 2023, beaucoup de nos équipes et partenaires locaux ont été déplacés et affrontent les mêmes difficultés que les populations aidées. Notre bureau à Gaza figure parmi près de 900 000 bâtiments détruits ou endommagés par les bombardements.

Malgré d’immenses difficultés, nous continuons à soutenir les plus vulnérables à Gaza à travers distributions alimentaires, d’eau, parrainage d’orphelins et autres aides. Ce soutien est vital pour des milliers de familles en détresse.

Cependant, notre travail, ainsi que celui de nombreuses organisations humanitaires locales et internationales, est sévèrement limité par la violence continue. Sans cessez-le-feu ni levée du blocus, notre aide reste insuffisante face à l’urgence.

À l’occasion de la Journée de la Nakba, Islamic Relief souhaite rappeler aux donateurs, décideurs et au grand public la longue lutte et souffrance du peuple palestinien. Cette souffrance n’est pas seulement dans les livres d’histoire : c’est une crise humanitaire grave et croissante qui se déroule sous nos yeux. Nous appelons les gouvernements à exiger un cessez-le-feu, la fin du siège et un accès humanitaire total. Alors que l’escalade actuelle approche les 600 jours, des familles sont toujours séparées, affamées, tuées. Les gouvernements doivent garantir que les Palestiniens puissent rester sur leurs terres.

Voici la réalité actuelle à Gaza, mais leur avenir dépendra des décisions prises aujourd’hui par les dirigeants mondiaux et les institutions internationales.

Aidez Islamic Relief à poursuivre son soutien aux familles en détresse à Gaza. Faites un don à notre appel d’urgence pour la Palestine dès maintenant.

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